· 

Mission avec Planète Urgence au Cameroun

du 08 au 22 octobre 2016


Enquêtes socio-économiques dans les villages avec Amélie.

Les villages se trouvent au sud-est du parc, réserve pour la protection de la faune et de la flore en voie de disparition.

L'entrée du parc est surveillée par des écogardes au nombre de 40, qui effectuent des missions en forêt pour dissuader les braconniers.


 

Samedi 08/10

Au T2 de ROISSY CDG nous arrivons vers 9h30. Le temps de l'enregistrement des bagages, de rejoindre la porte M24 en passant au contrôle et à la douane où il y a beaucoup de monde, il est presque déjà l’heure d’embarquer pour environ 6 heures de vol.

Nous retrouvons Siméon à la sortie de l'aéroport après avoir récupéré nos valises. Des dizaines de porteurs veulent prendre nos bagages, l'un d'entre eux arrache celle d’Amélie de sa main, un autre plus loin me dit qu’il est notre chauffeur. Au bout de  50 mètres, Siméon nous dit qu’il ne sont pas les hommes du taxi. Ils réclament tout de même 1€ pour avoir parcouru les quelques mètres avec nous.

Il fait moite, comme dans un hammam.

Un taxi nous véhicule jusqu'à l’hôtel situé à ¼ d’heure de l’aéroport. Nous avons une chambre chacun, avec barreaux aux fenêtres, la télé et la climatisation. Bien équipée mais très rudimentaire.

 Bar grillé et riz au dîner avec une bouteille d’eau.

Dimanche 09/10

Le taxi, avec au volant un chauffeur différent de la veille vient nous récupérer à 9h30. Il faut compter environ 5h30 pour se rendre à Campo, avec un arrêt à Kribi pour acheter les courses de la semaine en brousse.

A la sortie de Douala: contrôle de gendarmerie. Le chauffeur donne ses papiers, ouvre le coffre. Il n’y a pas d’extincteur. Les négociations commencent et durent 1h30, Siméon finit par céder et donne 15KF CFA. Le chef vient me parler et demande notre destination. Je lui réponds que j’aimerais bien pouvoir aller à Campo. Il me dit qu’il connait Paris, Marseille, l’hôtel Hilton et nous laisse repartir...

Après un certain nombre de km, Amélie me fait signe que le chauffeur s’endort, il ferme les yeux par moment. Siméon dort paisiblement à côté. Nous lui demandons d'allumer l'auto-radio et de chanter. Il s’arrête plusieurs fois pour se passer de l’eau sur le visage. A 20 km de Kribi, la voiture prend l’accotement sur une cinquantaine de mètres. Amélie crie et demande que je conduise. Le chauffeur dort quelques minutes, marche un peu, et avoue à Siméon, qui est resté zen, qu’il n’a pas dormi la nuit dernière...

A Kribi, nous changeons de véhicule, ce n’est pas un 4x4, c'est soit disant une voiture équipée pour la piste. En fait c’est une berline normale brinquebalante. Le chauffeur est accompagné, car il faudra peut-être pousser... A une vingtaine de kilomètres nous quittons la route goudronnée et prenons la piste pour 75 km.

Paris-Dakar commence avec des ornières de 30 cm, voire plus par endroit. Le dessous de la voiture frotte régulièrement la terre, tape très fort, à arracher le pot d’échappement. La forêt devient de plus en plus dense et haute. Des flaques d’eau comme de petites mares inondent la piste. Il faut descendre de la voiture pour qu’elle puisse monter une côte rendue glissante par la pluie. La terre est rouge et argileuse.

Nous empruntons un raccourci étroit à 5 km de Campo, juste la place d’une voiture sous une voûte de branches, bambous et feuillages. A 2 km de l’arrivée un arbre barre le chemin. Trop gros pour le déplacer, le chauffeur entame un demi tour " à casser la voiture en deux", nous voilà repartis pour 11 km.

Les mares sont de plus en plus larges, la piste de plus en plus glissante, les ornières de plus en plus profondes. Soudainement, la voiture se pose sur la terre au milieu de l’eau. Marche arrière, marche avant, on descend pour pousser, on monte la voiture avec un vieux cric pour la faire glisser sur le côté hors de l’ornière, rien y fait, elle ne bouge pas d’un centimètre. Le chauffeur en bermuda bien blanc s'accroupie devant la voiture en posant son genou sur sa tong, "elle est bien coincée".

Il remonte et nous demande de pousser à 4 ou 5 pour la faire reculer. Je suis sur le coté, les roues patinent, il tourne le volant, et là  une nuée de gouttes d'eau et de terre me transforme en panthère tachetée de rouge. Ils sont morts de rire et ne s'affolent pas du tout...

Siméon téléphone au conservateur qui envoie le 4x4. 

Le 4x4 positionné devant, avec une sangle usagée qui casse 5 fois, n'arrive pas à faire bouger le taxi. A 30 cm l’une de l’autre, à force de faire des nœuds, le chauffeur coupe la ceinture de sécurité du 4x4 et la met en double de la sangle. Marche arrière en 4 roues motrices, la voiture monte doucement et sort du bourbier.

On repart pour Campo avec avec 6 heures de retard. Fatigués, sans repas de la journée, nous avalons un quart d’ananas et tombons de sommeil...

Lundi 10/10

Siméon vient nous chercher pour prendre le petit-déjeuner chez lui à 1km de l'hôtel. 

Ensuite au bureau, situé à 2 km de la ville, nous préparons les fiches d’enquêtes pour la mission. Nous ne pouvons en imprimer qu’une vingtaine, il n’y a plus d’encre dans l’imprimante!

"On les saisira chaque soir et on les effacera pour les réutiliser le lendemain".

Siméon avec sa moto  nous véhicule chacun notre tour. Les aller-retours avec ses petits arrêts de ci, de là,  nous font attendre chacun de notre côté. Les minutes défilent à 2 à l’heure...

Nous revenons en ville pour se présenter à la gendarmerie, la préfecture et autres autorités. Nous retournons au bureau pour faire la connaissance du conservateur. Nous patientons une bonne heure car il y a une réunion de travail avec de nouveaux écogardes.

Siméon nous a préparé des bananes plantains grillées avec des petits légumes et du bœuf légèrement épicé. Très bon repas, le seul de la journée.

Vers 18h00, nous apprenons que le conservateur est rentré chez lui. Encore de l’attente...

L’organisation pour le trajet de demain jusquà la base vie semble compliqué. Entre les 2 motos qui ne sont pas disponibles et le 4x4 qui doit passer au garage pour manque de liquide de frein, l'horaire n'est pas défini.

On rentre à l’hôtel vers 19h00, on mange le demi ananas qui nous reste, une cigarette et au lit.

Mardi 11/10

Nous nous levons vers 7h00, un petit-déjeuner pris chez Siméon et retour à l’hôtel pour attendre Thierry, le chauffeur du 4x4 qui passe nous chercher avec nos valises.

C’est l’heure de la récréation, l’école est juste devant l’hôtel. Les enfants jouent dans le pré entre l’école et l’hôtel. Ils viennent nous narguer pour qu’on les prenne en photo. Les garçons rigolent, font des grimaces, ils s’entassent devant l’objectif en criant, moi, moi….

Les petites filles sont plus timides, mais finissent par s’approcher.

Ils sont hilares quand nous leur montrons les photos. C'est émouvant d'entendre les enfants rire en regardant les portraits de leurs camarades. Ils n'ont pas de jouets, de jeux vidéos, de voitures téléguidées, mais rient aux éclats...

Thierry arrive vers 12h00, je charge les valises dans le pickup. Chez Siméon nous chargeons la nourriture pour la semaine. Au bureau, 5 écogardes chargent leur sac à dos et montent dans le pick-up avec les valises et la nourriture. Ils partent pour une mission de 5 jours en forêt dans une autre direction, nous obligeant à faire un détour de 60 km.

La pluie commence à tomber, Thierry me dit qu’il na pas de bâche pour protéger nos valises, le pain et tout le reste, contrairement à ce que Siméon nous avait dit. Tous nos vêtements vont être trempés.

On devait retrouver Siméon à un croissement, la pluie tombe très fort, il a dû attendre au bureau. Nous le retrouvons à un kilomètre du bureau sous un abri dans un village à discuter avec quelques personnes. En attendant que la pluie se calme un peu, Thierry va chercher une bâche.

Une bonne heure après nous reprenons la route, avec nos valises, la moto, Siméon et une cuisinière à l'arrière dans la benne.

Nous apercevons des Hocheurs(singes verts) dans les arbres sur le bord de la piste.

La pluie tombe toujours, la piste est inondée et glissante. Nous devons nous arrêter plusieurs fois car la batterie tombe sur le moteur. Elle tient avec du fil électrique et de la chambre à air. Les secousses sont tellement violentes que rien ne résiste. Plus loin Thierry doit couper un arbre en travers, il le coupe juste de la largeur de la voiture... La nuit commence à tomber et elle tombe vite. Les phares ne fonctionnent pas, un fil est coupé. J’ai dans mon sac un rouleau de chatterton qui fait l’affaire. Il n’y a qu’un phare, l’autre ne s'allume pas. L’ampoule est grillée depuis un moment, elle n'est pas réparée, et pas d'ampoule de rechange.

A 60km, Thierry s’inquiète, il entend un bruit à la roue avant gauche.

"Ils ont monté la roue de travers, elle est penchée"

Je descends, regarde sous la voiture, ne voit rien. Il avance de quelques mètres et je lui demande de braquer le volant à fond. Il y a de la graisse partout sur la roue et le disque. J’aperçois le roulement à moitié sorti de son axe.

"Je pense que le roulement est cassé. on ira pas plus loin"

Siméon réfléchit,. Amélie s’impatiente et dit que cela ne sert à rien de regarder la roue, il faut bouger, on ne va pas passer la nuit ici, en pleine forêt!

Les consignes des 2 jours de formation nous reviennent à l'esprit "ne pas circuler la nuit"

On les voyait bien s'intalller  là et attendre le lever du soleil.

Une moto avec 2 écogardes passe sur la piste. Ils nous proposent de nous emmener. Ils prennent la cuisinière sur leur moto, et nous montons tous les 2 derrière Thierry sur la moto de Siméon avec nos sacs à dos. Nos valises sont mises dans la cabine qui ne ferme pas à clé.

Demain nous n’aurons peut-être plus de vêtements, même mouillés.

Après 15 km nous arrivons à la base vie, mais là les clés n’ouvrent pas toutes les chambres. Nous en prenons une pour nous 2, et nous laissons l’autre à la cuisinière. Thierry retourne chercher Siméon.

Une bonne heure se passe, nous entendons des bruits dehors, Amélie a peur.

Thierry est reparti avec le trousseau de clé, si bien que nous ne pouvons fermer aucune  porte.

Dans la forêt la nuit les animaux bougent, les oiseaux chantent et crient. Je bloque la porte d’entrée avec un balai ainsi que la porte de la chambre, et j'essaie de rassurer Amélie. Nous attendons leur retour mais la fatigue se fait sentir.

Vers 21h00, tout rentre dans l’ordre, ou presque. Nous n’avons pas de lumière, il n’y a pas de carburant dans le groupe électrogène, les moustiquaires sont introuvables, impossible de préparer un repas. C’est le deuxième jour avec juste un petit-déjeuner dans le ventre.

Mercredi 12/10

Lever vers 8h, petit déjeuner avec spaghettis et légumes sautés. L’assiette est énorme, on a pas mangé le veille, on a besoin de se remplir le ventre.

Vers 9h, la deuxième moto arrive, c’est Richelet, un gardien du parc qui habite le village que nous allons visiter.

Le chef du village d’Oveng nous reçoit chez lui avec les notables du village. Sa maison ressemble à un hangar, il n’y a pas de murs, juste un toit sur des piliers en bois. Des parpaings de terre sont entassés, prêts à être posés. Il a 50 ans et vit dans ces conditions depuis des années. Seuls 2 canapés et un fauteuil forment le salon.

Ils critiquent beaucoup le parc, les ONG, le gouvernement, tous porteurs de promesses... mais rien ne bouge. Depuis la mise en place du parc, les habitants ont l'interdiction de tuer les animaux pour manger, sinon ils risquent la prison. On comprendra plus tard que le village  est dans l' attente sans chercher à prendre des initiatives tant au niveau de l’agriculture, du tourisme et même de l'entretien de leur maison.

C’est un peu dur pour le début de notre mission, l’ambiance n’est pas très bonne. Nous devons leur préciser les raisons de notre présence : "nous sommes seulement des intermédiaires bénévoles venant pendant  leurs congés recenser les besoins des villages tout en ayant payé leurs billets d'avion et verser un don à Planète urgence".

Enquête de quelques familles et retour à la base vie avec l’orage.

Jeudi 13/10

Lever tôt, nous devons partir à 8h. Nous attendons Richelet pendant une heure avant de se rendre à Oveng pour effectuer de nouvelles visites.  L’état des maisons est mauvais: construction en  planches sur  terre battue. Une pièce, voire deux pour 40 m² maxi.

La famille d'une femme  veuve comprend 34 adultes mariés avec autant de petits enfants répartis dans 5 ou 6 maisons.

Dans une maison de 2 pièces vivent 1 homme et 3 femmes avec 13 enfants. Les enfants peuvent être des cousins, neveux...

Ils vivent là où bon leur semble. La pauvreté est présente, ils ne mangent qu’un repas par jour.

L’orage nous prend sur le chemin du retour, si fort que nous devons nous abriter plus d’une heure. On patiente en se calant sur le rythme de Siméon et de Richelet.

Un martin pêcheur noir au bec orange guette une proie.

Riz, sauce arachide avec sardine, plus un demi ananas composent notre dîner.

Nous saisissons sur la tablette les fiches de la journée.

Nous découvrons sur une chaise 2 moustiquaires neuves encore emballées. Il n'y a pas 1 cm de ficelle pour les suspendre. Les chambres n'ont aucun endroit pour les attacher. L'intention est bonne mais inutile.

Vendredi 14/10

 

Réveillés à 5 heures par des loirs qui courent sur le plafond en contreplaqué de 5 mm.Ils cavalent dans tous les sens....Sans doute en pleine partie de foot!!!

Petit déjeuner habituel avec pain et pâte d’arachide réalisée sur place, thé, café.

Douche au seau tirée au forage.

Il a plu une bonne partie de la nuit, la piste se présente glissante. La terre mouillée se transforme en patinoire. On attend que le soleil la sèche avant de partir en moto. Le  Moustac revient manger. Les Calaos lancent leurs cris dans le ciel gris. Il est 9h30, la piste sèche doucement.

Nous avons prévu de rendre visite aux familles du village après Oveng (nom d'un arbre), à environ 17 km.

17km sur une patinoire en moto n’est pas de tout repos, surtout pour le pilote. Amélie s’épile les sourcils, Christelle, la cuisinière prépare le repas de ce soir. Siméon, Richelet et Maxime, les écogardes discutent dehors. Ils parlent dans leur dialecte, je comprends qu’ils ne sont pas d’accord sur le sujet.

Vers 10h00 nous partons. Richelet évite de justesse un varan d’au moins 1m80 de long, il a l’air blessé à la patte. La viande de varan fait partie de leur viande préférée.

 Siméon et Amélie tardent à nous suivre, nous les attendons un bon ¼ d’heure. Je pense à la chute sur cette piste glissante et inondée par endroit, aux passages difficiles sur les ponts en planches qui ne sont pas fixées.

 Au loin, j’aperçois Amélie qui arrive en marchant devant Siméon au ralenti. La moto n’avance plus, il doit y avoir une saleté dans l’essence. Siméon démonte le carburateur, gratte, souffle, essuie. Il nous reste une quinzaine de kilomètres à parcourir sur la boue, avec des montées et des descentes pas faciles à maîtriser. Quelques kilomètres plus loin nous attendons Siméon. La moto n’avance toujours pas. Je prends des photos d’oiseaux, d’enfants. Démontage du carburateur, soufflage, grattage avec un petit fil électrique qu’il passe dans le trou du gicleur, et on repart.

Avant d’arriver à Nyabizang (véritable métal), nous empruntons une piste de la largeur d’une autoroute. C’est au croisement de l’axe Campo-Ma’an et Ma’an-Yaoundé. Un barrage hydroélectrique vient d’être construit pour alimenter le pays, mais le village qui est à moins d’un kilomètre n’aura pas l’électricité. Il en a bénéficié le soir de l’inauguration par le président Paul Biya. Le lendemain tout a été démonté. Restent comme vestiges, les poteaux en bois qui portaient les réverbères...

Le chef du village est parti en réunion à 15km de là. Nous devons l’attendre pour commencer notre enquête.

Un ouvrier du barrage ayant trop bu de Booster (whisky-coca en bouteille de 50 cl) nous abrutit. Il ne comprend rien à notre venue, et se lance dans des explications incompréhensibles .

Nous partons marcher au bord du fleuve. L’emprise du barrage englobe plusieurs maisons qui obligeront les familles à partir avant la montée des eaux.

Des échoppes bordent la route aux noms évocateurs comme 100 soucis, ou 100 commentaires...

Vers 15h heures, le chef arrive enfin. Il nous explique que le village existe depuis 1890, un groupe de forgeron à la recherche d’un bon fer s’est arrêté ici.

4 grandes familles le composent pour environ 2000 habitants. Le chef a succédé à son père qui a été ministre; qui lui-même avait succédé à son père. Le gouvernement a mis les ¾ des terres du village dans l’emprise du barrage. La limite s'arrête juste avant les terres de la famille du chef...

Il est 16h, Siméon veut partir car on entend le tonnerre et le ciel se noircit. La piste a séché et la moto de Siméon roule bien. Il vient de pleuvoir juste avant notre arrivée à la base vie.

Christelle nous a préparé des spaghettis accompagnés de légumes coupés en petits dés et une omelette. C’est notre seul repas de la journée, copieux, nous tiendrons bien jusqu'au petit déjeuner

Il est 18h30, il fait nuit, les oiseaux chantent, les singes crient. Sans télé ni radio nous allons nous coucher à 20h.

Samedi 15/10

réveil vers 7h00, un bon petit déjeuner avec pain et pâte d’arachide, une douche au seau, nous sommes en forme.

On repart pour Nyabizang après que Siméon ait nettoyé son réservoir et son carburateur. Nous visitons quelques familles qui ne sont pas très contentes du parc et des ONG. Là aussi, la présence du parc les empêche de chasser pour se nourrir. S’ils transgressent l'interdiction: c’est la prison à Campo. Ils disent que les animaux détruisent leurs récoltes, que les éléphants piétinent les champs, que les hérissons mangent le manioc. Certains croient que les humains se réincarnent en hérissons géants venant piller leurs jardins.

Avec l’alcool, les hommes parlent forts et sont plus excités, ils contestent beaucoup.

Un commerçant est marié à 3 femmes, il a 17 enfants et 48 petits enfants. Il ne connait pas tous les âges et les noms de ses petits-enfants. Les femmes et les enfants ont des noms différents, soit du père, de la mère, ou oncle, tante, etc. 

Nous prenons le chemin du retour vers 16h. Nous avons peur à l’orage. Siméon et Richelet pense que nous allons nous mouiller. La piste roule bien, nous mettons 30mn, avec des pointes à 40km/h.

Nous arrivons 5 minutes avant la pluie. Depuis mardi, il a beaucoup plu, le pluviomètre indique 90 mm.

 Nous dînons vers 17h avec un bon plat de riz sauce arachide et poisson fumé. Je charge les photos de la semaine sur la tablette, il y a de beaux portraits...

Dimanche 16/10

Il a plus une bonne partie de la nuit. Une omelette et de la brioche achetée hier avec de la pâte d’arachide composent notre petit déjeuner. Les pains que nous avions prévus sont tous moisis.

Il pleut toujours, la piste et le devant de la base vie sont recouverts d’eau. Siméon pense que nous ne pourrons nous déplacer dans les villages aujourd'hui et nous propose de faire une balade en forêt.

Nous parcourons une dizaine de kilomètres en direction de Campo sur la piste qui est praticable dans cette direction. Un arbre est en travers de la route, Richelet le dégage au coupe-coupe. On aperçoit un jeune couple de buffles sauvages dans un trou d’eau. Les calaos s’envolent à notre passage. Nous prenons un sentier dans la forêt dense, Richelet ouvre le passage à coup de machette. Nous nous dirigeons vers une clairière à une heure de marche où les éléphants viennent manger. Nous devons traverser un bras de rivière en équilibre sur un tronc, quelques mètres plus loin le niveau est trop haut, nous ne pouvons pas traverser. Un arbre est en travers, nous pourrions essayer de traverser en équilibre, mais dessous il y a une chute d'eau dans les rochers,  la moindre erreur pourrait être fatale. Siméon me montre le fruit que les singes mangent. C’est comme une petite pomme, mais très dure. Avec la machette il enlève 10 cm² d’écorce sur un arbre, la sève coule blanchâtre. C’est de la quinine, leur médicament contre les crises de paludisme. Les termites ont construit de petites tours. Quatre perdrix ou francolins traversent devant nous.

Vers 18h, après le dîner, à la tombée de la nuit les termites sortent de terre. Christelle pose un filet dessus. Je l’aide à enlever les ailes avant de les faire griller. Préparées dans l’huile on ne sent pas le gout, la sauce domine trop.

Des milliers de fourmis, très agressives tentent de rentrer dans la base vie. Avec du sel mouillé nous leur barrons la route. Ils nous suffit de marcher quelques mètres pour les avoir sur les pieds et les jambes. leur morsure est douloureuse.

Lundi 17/10

Ce matin on se réveille à 6h30, le temps à l'air plus clément.

Vers 9h00 Richelet arrive et nous partons visiter les familles de Ndjo'yop(village au bord de l'eau) et de Nkol-essong(colline où pousse l'herbe aux éléphants). Les familles sont très différentes les unes des autres. Certaines construisent, entreprennent, innovent quand d'autres attendent... L'orage rythme notre heure de retour. Il éclate au dessus de la base vie, un éclair illumine la forêt juste derrière la piste, le tonnerre se fait entendre en même temps. On ressent comme une onde qui parcoure notre corps. Jamais on a vu la foudre aussi proche, entre 50 et 100 mètres, pas plus.

je prends une bonne douche à l'eau de pluie.

Nous allons nous coucher, demain Siméon a dit au chauffeur que nous serons prêt à partir de 6h00... 

Mardi 18/10

Le 4x4 arrive vers 12h, sans trop y croire  nous avons bien fait de nous préparer à 6h00...

Nous avons observé les fourmis. Juste avant de partir nous avons trouvé un scorpion dans le couloir qui venait de notre chambre. C'est aussi pour cela que nous devions avoir des moustiquaires. avons-nous dormi les 6 jours avec lui sous le lit, ou venait-il de la salle de bain ? on n'en saura rien !

Maxime s'amuse à le taquiner avec le manche à balai. Personne n'est affolé, juste Amélie qui est bien contente de le voir seulement aujourd'hui, sinon son sommeil aurait été sans aucun doute agité toute la semaine...

Nous arrivons à Campo vers 16h00. Le retour est moins long que l'aller, juste un arrêt pour refroidir le roulement neuf avec l'eau d'une flaque, et remettre en place l'essuie-glace avec un petit bois comme rivet: la routine et les petits aléas de la piste...

 

Mercredi 19/10

Nous passons la journée à saisir le reste des fiches et faire notre rapport de la semaine d'enquêtes, avec la description des villages, la composition des familles, les besoins essentiels, les maladies, etc, en tableaux et graphiques. 

Les enfants rentrent de l'école, un coupe-coupe à la main. Nous les avions vu le matin couper l'herbe devant l'école, ils avaient sport certainement...

Le soir, nous mangeons un poisson grillé avec un bâton de manioc, en ville.

Des femmes préparent des repas qu'elles vendent à la gare routière.

Dans un espace de 100 m², 4 sonos émettent des musiques différentes volume maximum... 

Un peu abrutis nous rentrons à l'hôtel vers 20h30. 

Jeudi 20/10

Nous terminons notre rapport vers 13h00. Une balade en soirée dans Campo, une bière à la gare routière, une sole grillée et des bananes plantains le soir.

Le coucher de soleil éclaire d'une belle lumière  le village.

Extrait de notre rapport:

Les villages visités pour les principaux besoins essentiels :

-n'ont pas d’électricité, pas d'eau potable, pas de centre de soins, les maisons sont en mauvais ou moyen état, moyenne de un ou 2 repas/jour.

4.1 Population visitées 

 

 

Village

Nbre ménages

Hommes

Femmes

Adultes

Enfants

Permanents

Oveng

14

25

39

64

88

152

Nyabizang

7

15

17

32

57

89

Ndjo'yop

5

8

8

16

19

35

Nkol essong

1

3

4

7

11

18

 

27

51

68

119

175

294

4.4 Ethnies des adultes                                               

BANENE

1

BOULU

7

EWONDO

3

IYASSA

1

MVAE

73

NGOUMBA

3

NTOUMOU

32

YAMBASSA

1

Total général

121

 

 4.5 Religion des adultes

 

ADVENTISTE

1

ATHEE

1

BAPTISTE

1

CATHOLIQUE

30

EBC

1

EPC

80

EPCO

3

EVANGELISTE

1

VERITE ET VIE

3

Total général

121

 

Vendredi 21/10

Siméon a prévu nous emmener à Campo Beach et visiter un village Pygmées. La pluie arrive vers 8h00, pendant notre petit-déjeuner chez Siméon, malheureusement il y a une coupure de courant et on ne peut même pas regarder France 24 pour avoir un peu de nouvelles de chez nous. Nous ne savons rien de ce qui ce passe depuis 13 jours, pas de télé, pas de radio, pas de musique. Amélie joue avec la petite fille de Siméon... Je fais des photos.

Un écogarde doit venir en moto, mais il n'est pas en forme, alors le délai est encore plus incertain.

La pluie s'arrête vers 11h30, la moto n'est toujours pas arrivée. Nous profitons du passage de Thierry  et du 4X4 pour aller au bureau. Siméon voit pour la 2 ème moto.... une heure se passe. Enfin nous partons pour le village Pygmées, la piste est encore glissante et des bourbiers énormes la coupent en deux. L'écogarde qui m’emmène porte la tenue de bureau, chemise et pantalon marron clair, chaussures noires cirées. Je me demande comment il va revenir après la balade en moto...

Au bout de quelques kilomètres en forêt, nous nous arrêtons devant 4 maisons en feuilles de palmiers de 10 ou 12 m². Quatre femmes discutent. Siméon leur demande si elles ont du miel sauvage à vendre, histoire de justifier notre venue. Ce n'est pas la saison, la récolte se fait pendant la grande saison sèche. Ces femmes me paraissent grandes pour des Pygmées. Elles font bien 1m70, alors que la taille des Pygmées ne dépasse pas les 1m60.

Nous repartons rapidement, un peu déçus.

En repassant par le bureau, la moto est réquisitionnée, je repars à pieds jusqu'à Campo, et comme d'habitude je suis arrivé avant de recroiser Siméon.

Nous mangeons un couscous, semoule de maïs, herbe, genre épinard ou oseille, poulet pour Amélie et viande de brousse pour moi.

On prend un moto-taxi pour aller à Campo beach. Des camions chargent des palettes de canettes de bière venant d'un cargo ancré dans l'estuaire. Un gendarme m'interdit de prendre des photos du coté gauche du fleuve. Il y a un camp militaire sur chaque rive, un du côté Cameroun et un du côté Guinée, le fleuve sert de frontière.

La plage est recouverte de sacs plastiques, canettes vides, etc. Un martin pêcheur guette sur une branche.

La veille, un habitant d'ici nous avait dit que Campo Beach était proche du paradis, je m'attendais à ce que le paradis soit plus attirant...

Le soir nous dégustons une dorade grillée pour 1€20, et une bière de 50 cl pour 0.50.

Le chauffeur de l'aller avec lequel nous nous sommes embourbés vient nous dire bonjour, il repart demain matin, comme nous. Je dis à Siméon que nous aimerions bien repartir avec lui. Siméon reste évasif, il doit déjà avoir un plan en tête...

 

Samedi 22/10

A 9h00, une voiture noire vient nous chercher.

J'avais senti le coup venir hier soir quand Siméon m'avait dit en me la montrant " c'est la voiture qui nous a amené"

"non Siméon, elle était blanche"

A la sortie de Campo, à moins d'1 km, le gendarme siffle quand nous passons devant lui.

"tu ne t'es pas arrêté devant moi pour me saluer" lance-t-il au chauffeur

"excuse-moi, on se connait mon frère, pardon"

"il n'y a pas de pardon, tes papiers"

"je n'ai rien, aucun papier" répond le chauffeur

Le gendarme s'éloigne, le chauffeur tend un billet à Siméon, "va lui donner"

Siméon ne bouge pas, le chauffeur sort retrouver le gendarme.

En cœur avec Amélie, "Siméon, ce soir on prend l'avion, tu ne  refais pas le coup de l'aller à mettre 10 heures à la place de 5h" "on retourne à Campo chercher l'autre taxi"

Siméon, calmement nous dit " c'est pareil, on doit toujours payer en rentrant ou en sortant de Campo" "c'est de la corruption""oui, on a ça aussi en France, mais pas à la vue de tous"

Le taxi reprend la piste, les amortisseurs chantent sans arrêt, le châssis craque et grince de partout, le tableau de bord est illuminé de voyants orange, rouge....

En chemin un chasseur fait signe au chauffeur, il tient par la queue 2 énormes rats. Pour 2000 FCFA le chauffeur les embarque et les pose devant son siège.

Nous nous arrêtons manger sur le bord de mer avant Kribi. Le plat est 4 fois plus cher qu'à Campo, 4k FCFA.

Quand nous arrivons à Kribi, Siméon nous fait comprendre que c'est la même voiture qui va nous conduire jusqu'à Douala. 

"Non, il n'en est pas question, tu prends un autre taxi, il n'a aucun papier, pas d'extincteur, on ne va pas prendre le risque de tomber en panne ou se faire arrêter tous les km".

5 minutes après le chauffeur nous présente un autre taxi, la voiture est propre, le chauffeur montre tous ses papiers à Amélie, ouvre le coffre où il a un extincteur, un triangle, etc.

Rassurés nous chargeons nos valises. Le chauffeur s'arrête pour téléphoner, il est très prudent, cela nous change et nous permet de nous assoupir un peu.

Avant Douala un gendarme fait signe, le chauffeur s'arrête, baisse sa vitre et lance au gendarme " tu m'arrêtes pourquoi, j'ai tout en règle", accompagné d'un rire à la Omar.

Le gendarme nous regarde est fait demi-tour, il a compris qu'il ne pourrait pas avoir de billet sans arguments, le chauffeur démarre.

Nous arrivons à l'aéroport à 16h, notre avion décolle à 23h45.

Nous préférons attendre ici, plutôt que sur la bord de la route.

Nous prenons un dernier verre avec Siméon puis  passons la douane, le contrôle avant d'arriver en salle d'embarquement 4 h avant le décollage. Nous allons attendre, nous avons l'habitude depuis 15 jours, 4 heures c'est vite passé, même à ne rien faire.

Dans l'avion Amélie dort, je regarde un film, je repense à notre semaine et à notre mission.

Je ne reviendrai pas pour la même mission, nous avons bien compris qu'elle n'aura aucune valeur ajoutée sur la vie et le confort des villages. Mieux vaut faire des missions de rattrapage scolaire, ou de la formation Word ou Excel, c'est plus concret.

Les rencontres dans les familles, avec les écogardes,  les habitants de Campo, nous laissent de bons souvenirs. Les pseudos galères se sont transformées en anecdotes marrantes à raconter, et m'ont rappelé les épopées avec notre J7 aménagé, avec lequel il n'y avait pas un voyage sans surprises. Avec des élastiques, un peu de fil de fer, du chatterton, un couteau, etc, on a toujours pu continuer notre voyage à des centaines de kilomètres.

 

Dimanche 23/10

Arrivée en TGV à St Pierre des corps, Patricia, Cyril, Matéo et Maxence sont sur le quai.

Ça fait du bien de les revoir.


http://www.planete-urgence.org/

Chaque mission se déroulera dans un village. Le/la volontaire devra donc réaliser une enquête socio-économique au sein d’un seul village. Il/elle pourra être accompagné(e) de 3 autres volontaires au maximum en fonction du nombre d’habitants. Une première phase d’enquête concernera l’arrondissement de Campo (d’Ebodge à Ebiameyong) soit un total de 28 villages. 380 ménages seront concernés, 14 par village (seuls les chefs de ménages seront interrogés).

La méthodologie utilisée sera celle du Degré de Satisfaction des Besoins Essentiels (DSBE) (Basic Necessity Survey (BNS). Cette méthode est transparente et participative, c'est-à-dire qu’elle associe tous les acteurs concernés par le projet. Le conservateur du Parc National de Campo Ma’an à été formé à cette méthodologie par le RAPAC (Réseau des Aires Protégées d’Afrique Centrale), un programme de la CEEAC (Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale). Un programme de formation de d’environ une dizaine de personnes de son personnel technique et notamment les responsables des volets suivi socio économiques des antennes, en cette méthodologie est actuellement en cours. Par ailleurs, les volontaires seront briefés à leur arrivée cette méthode par le conservateur.

Plusieurs étapes sont nécessaires :

1) L’élaboration d’une liste des besoins essentiels, de manière participative avec toute la communauté

En tenant compte des critères d’âge et de sexe (au moins deux personnes par catégorie de jeunes, femmes, adultes et minoritaires), une liste commune devra être réalisée sur les thématiques suivantes :

- les besoins, 

- les biens (TV, radio, machette, fusil…),

- les services (accès à un centre de santé, accès à une portion de forêt, manger du gibier une fois par semaine, avoir une personne dans le ménage qui sait lire et écrire...).

Ces biens et services devront être considérés comme essentiels par la communauté, pour pouvoir mener une vie décente.

2) Des enquêtes dans les ménages

Tous les ménages des villages devront être enquêtés. Selon la taille de la population, les volontaires seront amenés à réaliser environ 5 entretiens par jour.

Trois principales questions devront être posées au chef de famille (homme ou femme) :

- Quelles sont les caractéristiques du ménage ? (âge et composition en genre, niveau scolaire, années de résidences sur ce territoire, coordonnées géographiques de leur habitation).

- Quels sont les éléments présents sur la liste élaborée par la communauté qui vous paraissent également essentiels ?

- Quels éléments présents sur cette liste avez-vous au sein de votre foyer ? (les prix des biens matériels que possède le ménage pourront également être précisés).

3) Analyse des données en collaboration avec le personnel du service de la conservation

 L’analyse des données inclut les étapes suivantes :

- calcul du coefficient de pondération de chaque élément, 

- détermination d’une liste définitive des éléments réellement essentiels,

- calcul du score de pauvreté d’un ménage,

- identification du score de pauvreté maximum obtenu dans l’échantillon,

- détermination de l’indice de pauvreté d’un ménage,

- interprétation des résultats.

Herbergement

Base de vie à 75 km de Campo et 20 km avant Nyabessan au sud-est du parc de Campo Ma'an

Cameroun

Email:  pas d'internet

Téléphone: pas de liaison téléphonique

Energie solaire


Écrire commentaire

Commentaires: 0